Vous avez remarqué cette ressemblance entre le maître et son chien ? Corpulence, démarche sautillante ou ondulante, poils et cheveux lisses ou frisés, regard nerveux ou endormi, vif ou lassé, relaxe ou fesses serrées, pas lent ou rapide, geste hésitant ou décidé,…
Est-ce notre tendance à chercher le semblable? On regroupe, comprend, trouve des points communs au jeu des différences et finalement on finit toujours par en trouver. Ou s’agit-il d’un vrai mimétisme, une adaptation réciproque à la meute?
Otto est un imbécile.
Otto c’est le chien. Il aboie, il ne sait pas pourquoi. Il ne répond pas lorsque son maître l’appelle. Il a le regard vide et un mode binaire : aboyer/ne pas aboyer. Il voit un écureuil, il aboie. Il entend un chat, il aboie. Il sent un sanglier ou un voisin, il aboie. Il ne se passe rien, le silence l’angoisse? Il aboie. Tu le regardes, il aboie. Tu l’ignores, aussi.
Les rats bouffent dans sa gamelle. Notre chat chasse les rats.
Il fait peur parce qu’il est gros et c’est un imbécile, justement. C’est un berger allemand. Il a mauvaise haleine et de longues dents. (Quoi de plus dangereux qu’une telle arme dans la gueule d’un simplet?)
L’observant je cherche et trouve des ressemblances. Mon voisin voit le monde en mode binaire: “A moi = bien” / “Pas à moi = pas bien”. Sa pensée se déroule ainsi : “Mon chien? A moi, donc bien. Un voisin? Pas à moi, donc pas bien. Mes lumières multicolores, ma caméra de surveillance et ma chute d’eau en plastique = à moi, donc bien / Les paysages, les arbres et animaux sauvages? Pas à moi, donc pas bien. Etc.”
Il fait peur parce que son corps épais est piloté par la même intelligence qui anime son regard lent et ses yeux rapprochés (comme ceux d’Otto). Parfois, il aboie pour montrer qu’il sait aussi défendre son territoire. Un jour il nous a dit en aboyant que son chien était “son ombre”. Je croyais qu’il voulait dire qu’il ne le quitte pas et qu’il n’a donc pas pu faire ses besoins dans l’escalier (le chien). Il fallait en fait le comprendre littéralement: son chien est son ombre et lui-même n’est que “l’ombre de son ombre, l’ombre de sa main, l’ombre de son chien” comme dirait l’autre. (merci Jacques)
J’en arrive donc vite à la conclusion: Tel chien, tel maître.
Mais mon voisin s’est-il adapté à Otto ou l’a-t-il justement choisi pour sa ressemblance? Est-ce une adaptation réciproque vers le territoire commun de la connerie humaine et animale (souvent sous-estimée), ou simplement mon biais de perception?
Mon voisin est un imbécile. Chaque jour Otto me le confirme.
“¡Wau, wau!” (en V.O.)
Qu’il est con ce chien.