L’Illa Diagonal est un magnifique paquebot commercial échoué en pleine ville de Barcelone, un ferry d’une capacité de 2400 véhicules, 170 magasins et restaurants, deux hôtels 4 étoiles, un centre de convention, une discothèque, une salle omnisports, un parque public et deux collèges. Il fait 334 mètres de long pour 60 de haut et domine le quartier avec ses aires de Rockfeller… En effet, il est inspiré du “Rockfeller Center” de New York (1933), mais malheureusement il n’a pas pu prendre de hauteur et s’est affalé le long de l’Avinguda Diagonal.
Un bel édifice aux allures de palais du peuple de Causcescu, un édifice accueillant, souriant et plein de fantaisie.
Le quartier de l’Illa est configuré par l’Illa, c’est un quartier hostile aux piétons et aux vagabonds, mais accueillant aux clients. Chaque espace se paie; espace assis, visuel, sonore, parcouru à pied ou par le regard, tout est pris en otage par un commerce, une route qui mène à ce commerce, un feux qui régule le flux des petits consommateurs.
L’espace est saturé de logos, de néons, de musique et slogans. Même le produit du terroirs authentique se transforme en marque standard que vous retrouverez aussi identique que l’authentique dans la prochaine petite épicerie. Le petit tablier, le béret brodé, le col assortit, tout est transformé en uniforme.
Il n’y a pas d’habitants ici, que des “consommants”. Tous les cafés s’appellent “Lavazza” ou “Starbuck”, on les reconnaît tous dans ce monde standardisé, sans surprise, sans rencontre, sans espace de liberté et d’intimité.
En l’espace de deux heures, j’y ai consommé trois livres, un disque dur externe, un café Lavazza, un sandwich au thon, anchois et piment avec un verre de Ribera del Duero et un jus d’orange Starbucks… Je me suis retenu d’acheter du chocolat “commerce équitable” de Starbuck. Cela aurait été vraiment trop cynique…